Voyage en pays voisin.

Trois silhouettes se découpent à l'horizon tandis qu'un ciel d'aurore jette ses reflets sur l'armure polie de l'un des trois hommes, montant un lourd destrier. Un homme chevauchant une monture de plus faible stature le flanque, ainsi qu'un second, faisant glisser ses doigts sur les cordes de son luth tandis qu'il chemine à pied. Le trio évolue d'un pas égal et mesurer vers le bourg tandis que se précisent leurs traits.

Le cavalier à la blonde chevelure fixe le bourg de ses yeux d'un bleu profond, indifférent. Il progresse lance levée, l’espée au côté et arbore un écu parti d'or et d'argent à épée de gueule, au lys et à la rose de même épanouis, l'un au canton dextre du chef et l'autre au canton senestre du chef. Un pendentif à l'effigie d'une jeune vierge orne son cou tandis qu'une longue et blanche cape ceint ses épaules. Il semble discuter avec son compagnon le plus âgé, l'autre cavalier, puis fait arrêter sa monture à quelques pas de la porte. Il se penche alors vers son second camarade et lui parle dans une langue méconnue des fils de Sigmar : celle des descendants de Gilles l'unificateur.

"Jocelin, nous feras-tu l'honneur de bien vouloir nous annoncer?"

Il se redresse alors et son regard se perd dans le vague.

Jocelin hocha la tête au chevalier avant de se presser aux portes de la ville.

Il pris une profonde inspiration et une chose étrange se produisit: en arrivant, il ne payait pas de mine et paraissait s'effacer dans son costume coloré; mais au moment de commençer sa prose, on eût l'impression qu'il grandissait, se renforçait et s'emplissait d'une confiance infinie.

Il se râcla la gorge, puis déclama d'une voix forte et assurée:

"Holà, holà! Braves gens de la garde,
Ouvrez vos portes et oyez les paroles du barde,
Qui va vous présenter ces nobles seigneurs,
Pour que dans votre cité ils entrent sans heurts;

Voyez, sur son superbe destrier caparaçonné,
Roland de Brienne le Castel, né chevalier,
Défenseur de la veuve et de l’orphelin,
Si beau que les donzelles l’acclame de loin,

Son bras fort et lumineux terrorise ses ennemis,
Un grand dévouement il assure à ses amis,
Nombre de tristes injustices ont été effacées,
Grâce à son courage, secondé par sa fière épée;

A son côté, le Templier François-Louis de Saint-Armand,
Si pieux que du Dieu Sigmar seul il est l’amant,
Droits et justes sont ses actes et décisions,
Dans la foi la plus pure il trace son long sillon;

Enfin me voici: Jocelin de Blancafort,
Joyeux ménestrel, héraut des puissants et des forts,
Ami de la rime, de la prose et des belles gestes,
Avec qui les bonnes ripailles ne sont pas en reste."

Après une pompeuse révérence, il redevint presque insignifiant et attendit l'ouverture des portes en se tordant les doigts.

François-louis de Saint-Armand s'était arrêté pour laisser leur héraut les annoncer. Les longues heures de chevauchées n'avaient pas eu l'air d'entamer la mine radieuse de son compagnon, enfin, de son seigneur a dire vrai. François était en effet en quelque sorte le lige de Roland.
La chevauchée l'avait un peu éprouvé. La trentaine plus que tassée, il commençait a sentir le poids des ans, bien qu'au combat sa foi en Sigmar et sa fougue naturelle le rende au moins aussi redoutable que le jeune chevalier. Techniques différentes bien sur. François était un moine soldat, un défenseur de la vrai foi , et plus même. En tant que Templier il avait juré de défendre l'empire contre tous les périls pouvant le menacer directement comme indirectement.
Il frotta sa cicatrice, enfin, l'un de ses cicatrices, celle placée sous l'oeil. Un tisonnier brulant qui avait bien failli lui faire perdre l'oeil avait la laissé sa marque. C'était devenu un reflexe que de la toucher, et même le signe de sa fatigue.

Roland mon sire et ami, je vois que notre ami ménéstrel aime a réciter ces vers, fort beaux il est vrai, ainsi que flateur. Mais ne pensez vous pas qu'il fussent un rien trop enjoliveur? M'est avis que trop de belles paroles sont nids d'orgueil...

Il avait pronnoncé ces mots dans un reikspiel des plus purs, mais teinté de cet accent des provinces de bretonnie qu'il n'avait jamais pu gommer de son phrasé.

C'est donc en Reikspiel que lui répondit Roland.

"Tu connais son goût prononcé pour les hyperboles aussi bien que moi, et je crois que n'est pas encore né celui qui arrivera à le lui faire passer. C'est un peu comme la manie que tu as de me vouvoyer mon ami, alors que nous avons si souventes fois croisé le fer ensemble. Espérons simplement que les gens du cru n'en prendrons pas ombrage."

Le chevalier replaça alors son écu qui le gênait d'un mouvement d'épaule, attendant patiemment la réaction de la garde.

Alors que Jocelin de Blancafort termine ses quelques vers, un garde, apparament reveillé d'une longue rèverie, arrive au niveau de la porte en courant et ouvre vivement la petite fenètre creusé au milieu de la porte.
Le garde, mal vétu et décoiffé, sans son uniforme réglementaire, reste bouche bée en voyant les nouveaux venus. Apparament, c'est une nouvelle recrue du village vu son jeune age, vingt ans, peut-être moin.

Alors que les arrivants restent devant la porte à se demander que va faire le garde, quelques secondes passent et une voix grave et profonde rugit plus loin derrière les portes.

Alors, le groupe peut clairement entendre ces quelques phrases...
Rudolf! Qu'est ce que tu attends devant la porte comme ça, tu n'as donc pas vu que c'est pas n'importe qui à la porte... Va vite ouvrir, c'est surment un noble qui vient de loin...

Alors que les paroles cèssent, la petite fenètre est refermé violement et instant aprés la grande porte s'ouvre lentement en grinçant. Dès qu'un espace suffisant le permet, un peit homme, moustachu et assez gros, sort saluer les arrivants, un petit sourire pas vraiment naturel aux lèvres, comme pour un marchand de camelotes...

Bonjour, noble voyageurs, désolé de vous avoir fait attendre, nous sommes heureux d'accueillir de grands gens dans notre humble village. Loué soit Sigmar que vous ayez fait bon voyage

Il réflechit quelques instants et continu:

Pourrions-nous savoir que nous vaut la visite de cette compagnie, d'aileurs à qui nous avons l'honneur de nous adresser?

Mais c'est une manie,comme vous dites, née du respect que j'ai de vous et de votre nom, ainsi qu'une marque d'une estime sans faille qui me fis quitter les voies de la solitude pour me ranger a vos cotés, ainsi que me fis, en pénitence de l'abandon de ma quete, me faire votre serviteur autant que votre ami. Mais laissons la cette querelle bien vaine sur les mots, car nous savons tous deux que ,même maintes fois répétée,elle ne change ni les faits ni l'affection que nous nous portons.

François tourna vivement la tête vers la porte du village a l'arrivée du jeune garde.

Baste, voila que la valetaille en arme se décide a ouvrir la porte. Je gage que quelqu'un a compris les rimes de notre ami. Avançons donc en ce lieu ,par nous choisis, pour la nuit. Précédez; je vous suis mon sire, et ouvre l'oeil.

Il pressa sa monture a la suite de celle de Roland.

Jocelin soupira et grommela une phrase inaudible en entendant le fonctionnaire leur demander qui ils étaient. C'était bien la peine de se donner tant de mal.

Un peu dépité, il se plaça un peu en retrait de la monture de son maître et le suivit, pinçant les cordes de son luth sans vraiment y penser.

Roland sourit légèrement à son compagnon avant de faire avancer sa monture à hauteur du nouvel arrivant.

"Loué soit Sigmar dit-il, la Dame nous en préserve... ."

Ne put-il s'empêcher de murmurer dans sa langue natale avant de s'adresser à l'homme en bel et bon reikspiel.

"D'aucuns me nomment Roland, de Brienne le Castel et pour ce qui est de me amis."

Il les désigna tour à tour de son gantelet.

"Voici François-louis de Saint-Armand, mon lige et ami, ainsi que Jocelin, notre héraut. Maintenant que nous en avons fini avec les formalités, peux-tu nous indiquer un lieu où nous pourrons nous restaurer en paix après un long voyage?"

Le garde semble un peu mal à l'aise devant les nouveaux venus, les noms que le chevalier vient de prononcer lui semble inconnus...
Alors que Roland de CastelBrienne demande où la compagnie pourrait se reposer, le jeune garde, qui était resté à coté du petit gros répond soudaiment et vivement:

Vous pouvez aller à La Chope Gravée, je suppose que vous trouverez de bonnes chambres, la nourriture y est bonne en tout cas...

Cependant, l'autre garde prend un air indigné et regarde avec mépris la nouvelle recrue, puis le prend à par à quelque mètres plus loin...
Il revient quelque minutes aprés et fait un grand sourir au groupe.

Bien, vous pouvez entrer comme bon vous semble...
Mais, dites moi, vous venez de Bretonnie? A moins que je ne me trompe biensur, que fait un chevalier bretonnien dans l'Empire?

Le regard du petit garde grassouillé devient de plus en plus antipatique jusqu'au moment où sa voix devient sombre lorsqu'il prononce le mot "bretonnie".

François n'avait pas envie de répondre aux questions d'un garde, qui plus est ne s'étant pas présenté. Il prit la parole:

Que vous chaut nos motivations? Les frontieres sont ouvertes et c'est cela qui m'importe. Je n'ai cure de vos possibles états d'ame a propos de notre pays.

Il mis bien en évidence sa cape frapée de la croix gothique.

Et maintenant, laissez passer. Vous n'oseriez refuser gîte et couvert a un templier n'est ce pas?

François commença a faire avancer son cheval.

Roland ne pu s'empêcher de fixer quelques instants le grassouillé du haut de son destrier avant de poursuivre vers les rues du bourg et de saluer le jeune. Il était confiant en la capacité de François à régler la situation, n'était-il pas lui aussi un adepte de Sigmar?